Le chant du rossignol – Fortunato Depero
Le 16 novembre 1916, Diaghilev commande à Depero la décoration et les costumes du ballet «Le Chant du Rossignol», avec une musique tirée de l’opéra de Stravinsky.
L’intrigue a été adaptée à partir d’un conte de Hans Christian Andersen et avait deux personnages animaliers, un « vrai » rossignol et un rossignol mécanique. C’est en visitant l’atelier de Depero et en voyant un modèle en carton de fleurs énormes que Diaghilev proposa à l’artiste de construire le décor comme une sculpture cinétique, en ligne avec le «paysage artistique» théorisé dans le manifeste «Reconstruction futuriste».
Depero a ainsi travaillé sur le décor et les costumes pendant plusieurs mois. Les formes géométriques bizarres hérissées d’éléments hérissés et saillants sont clairement un développement plus poussé de ses précédents travaux. Ils échouent cependant à atteindre la qualité révolutionnaire des « Complexes en plastique » : les costumes n’étaient en effet pas équipés d’interrupteurs et ne sont pas bruyants ou transformables comme ses précédents œuvres.
Tout le milieu artistique de Paris attendait avec impatience l’événement. Malheureusement, malgré l’enthousiasme de Stravinsky à propos de cette mise en scène, Diaghilev n’accepta pas le travail de Depero et ne présenta pas le ballet.
On a beaucoup spéculé sur les raisons du refus de Diaghilev. Certains pensent que les costumes auraient causé des obstacles excessifs aux mouvements des danseurs ; d’autres se réfèrent au retard de Depero à terminer le travail à temps. Une autre raison pourrait avoir été que l’imprésario russe attachait beaucoup d’importance à l’harmonie organique entre les différents arts impliqués dans un ballet et qu’il remarqua une contradiction flagrante entre la qualité révolutionnaire du décor plastique de Depero et la musique de Stravinsky, plus conventionnelle.
N’en reste pas moins que ces quelques photos permettent de rendre compte des merveilleux travaux de l’artiste.
