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Les courants nocturnes ruissellent sur moi – Guillain Méjane

Les courants nocturnes ruissellent sur moi – Guillain Méjane

Les courants nocturnes ruissellent sur moi, alors que je sors dans le quartier de l’arsenal, dans une obscurité virginale. L’air est si dense, son goût si âpre près des canaux.

Les ombres en volutes dessinent des arabesques et se mêlent aux particules de mes pensées libérées. Je me suis dérobé pour cesser de lui plaire.

Les chats sont sortis. Ils peupleront les places et les ruelles jusqu’aux premières lueurs. Dans les amas de poussière d’ocre, des lierres flétrissent.

Les chats sont désemparés. Ils jouent des mascarades, miment un deuil et se tapissent dans les recoins, sous les arcades à l’affût des éphémères.

Plus haut, il y avait des étoiles et un cosmos lointain. Avalés par des vers nocturnes voraces. Il ne reste de la nuit que sa carcasse. Digérée, il ne resterait plus rien du monde.

Au bord d’un puit sans fond à l’est du ghetto, des cartouches cabalistiques disent les signes des autres savoirs, évoquent les voies des autres mondes. Mais il manque toujours un signe. Les chats l’ont effacé, ils en ont la mémoire. 

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