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C’est le vent – Georges Boyer

C’est le vent – Georges Boyer

« Grand’maman, disait Rose,
Là-bas au fond du bois,
C’est le loup, je suppose.
Dont on entend la voix ? »
Et la bonne fileuse,
Sur son front rougissant
Embrassant la peureuse,
Lui disait doucement :
« Ne crains rien, mon enfant !
C’est le vent !
– Comment ça, grand’maman,
C’est le vent ?
– C’est le vent ! »

« Au printemps, bonne mère,
J’ai je ne sais trop quoi,
Et la brise légère,
Me trouble malgré moi ;
Le rossignol, qui veille
Dans le grand marronnier,
Me murmure à l’oreille
Qu’il faut me marier.
– « Quelle folie, enfant !
C’est le vent ?
– Ah ! vraiment grand’maman.
C’est le vent ?
– C’est le vent ! »

« L’autre jour, Marguerite,
Et mon cousin Lucas,
Se sont sauvés bien vite.
En entendant mes pas.
Mais, maman, je vous jure
Que j’ai bien entendu :
Un baiser.. j’en suis sûre
Fut pris, et puis rendu.
– « Quelle erreur, mon enfant !
C’est le vent !
– Allons donc, grand’maman !
C’est le vent ?
– C’est le vent ! »

La semaine dernière,
Fort tard, dans la soirée,
Rose, de la clairière,
Revint très décoiffée.
« D’où venez-vous friponne,
En cet accoutrement ?
– Oh ! reprit la mignonne,
D’un air bien innocent,
– « Ma foi, ma grand’maman,
C’est le vent !
– Ah ! dit la grand’maman,
C’est le vent ?
– C’est le vent ! »

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