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La déviation – Louise Glück

La déviation – Louise Glück

Ça commence tranquillement
dans l’enfance, chez certaines filles :
la peur de la mort, qui prend pour forme
la consécration à la faim,
parce que le corps d’une femme
est une tombe, prête à accepter
n’importe quoi. Je me souviens,
j’étais au lit la nuit,
je touchais les seins digressifs, doux,
je touchais, à quinze ans,
leur chair, leur ingérence,
que je devais sacrifier
jusqu’à libérer les membres
de floraison et subterfuge : j’ai senti
ce que je sens maintenant à aligner ces mots —
c’est le même besoin de perfection,
dont la mort n’est que le sous-produit.

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