Pensées – Walt Whitman
Je songe à l’opinion publique,
Au commandement tôt ou tard prononcé d’une voix calme et froide, (combien impassible ! Combien sûr et final !)
Au Président, le visage pâle, se demandant en secret :
Que dira le peuple à la fin ?
Aux Juges frivoles, aux Parlementaires, aux Gouverneurs, aux Maires corrompus — à tous ces gens se voyant un jour impuissants et à découvert.
Aux prêtres marmonnant et pleurnichant, (bientôt, bientôt abandonnés de tous).
Au déclin, d’une année à l’autre, du respect religieux, et des sentences émanées des fonctionnaires, des codes, des écoles,
A la montée toujours plus haute et plus forte et plus large des intuitions des hommes et des femmes, à la montée du sentiment de la haute Estime de Soi-même et de la Personnalité ;
Je songe au vrai Nouveau Monde — aux Démocraties resplendissantes dans leur totalité,
A la politique, aux armées, aux marines se conformant à elles,
A leur rayonnement solaire — à leur lumière inhérente, supérieure à toutes les autres,
A l’enveloppement de toute chose par elles, d’où toute chose émanera.