Première messe – Nérée Beauchemin
Au Dieu de sa jeunesse
Il offre, sans retour,
À plein cœur, tout l’amour
Qu’il épanche, en ce jour,
Dans sa première messe.
Pieusement paré
Des couleurs que déploie
La chasuble de soie,
Il est tout à la joie
De l’office sacré.
Il a baisé la pierre
Et la nappe de lin ;
Il baise encore, plein
De respect, le vélin
De l’évangéliaire.
Pur oblat, vers Jésus
Il se hâte, il chemine ;
Il brûle, il s’illumine,
À l’approche divine
D’un mystique Emmaüs.
Le temple du baptême,
Sur l’orgue et l’olifant,
Exalte son enfant ;
Mais l’hymne triomphant
Ne semble plus le même.
La nef n’a plus de mur,
Et coupoles et voûtes,
Plus hautes, semblent toutes
Ouvertes sur les routes
Qui montent vers l’azur.
De fleurs fraîches écloses,
L’air est tout embaumé ;
Les plus beaux mois de mai
N’ont pas accoutumé
De fleurir tant de roses.
Des anges de l’autel
Le vol doré s’anime :
La phalange unanime
S’incline vers la cime
Où descend l’Immortel.
Mais l’ange du calice
Seul évoque, en ces lieux,
L’ange vivant des cieux,
Et l’émoi, dans ses yeux,
Brille en pleurs de délice.
Une mère, parfois,
Une humble paysanne,
Pensive comme Jeanne,
Dans l’air où l’encens plane
Croît entendre des voix.
Gloire au foyer champêtre !
Gloire, louange, honneur !
Béni soit le Seigneur
Qui donne un tel bonheur
À la mère du prêtre !
Gloire à l’eau, gloire au vin
De l’église natale !
Gloire au sol où s’étale
L’âme sacerdotale
Qui rend l’homme divin !
La peur vierge sortie
Des flancs d’un riche été,
A moins de pureté
Et de suavité
Que les lys de l’Hostie !