In hymnis et canticis – Nérée Beauchemin
Viens du couchant, viens de l’aurore,
Viens, Esprit, viens du ciel des cieux,
Esprit que le silence adore,
Esprit des chants harmonieux.
Viens ! Que l’âme des temps se prête
À tes influences, ô Toi
Qui mets toute musique en fête
Et toute lumière en émoi.
Que la terre même s’anime,
Et que la puissance des vents
Passe, dans le rythme unanime
De tout un peuple d’instruments.
Viens, et l’on verra, sur ta voie,
Fleurir les roses de Saron :
Les plaines seront dans la joie,
Et les îles applaudiront.
Viens, repose ton envolée
Sur les portiques du Trésor.
De la reine de la vallée,
Ouvre les tabernacles d’or :
Ouvre, au triomphe de l’Hostie,
L’enceinte où brûle, nuits et jours,
L’huile aromatique, sortie
De l’abondance de tes tours.
Avec les anges du mystère,
Dont tu gouvernes les neuf chœurs,
Pour nous qui ne sommes que terre,
Suave interprète des cœurs,
Dans ta langue immatérielle,
Esprit des Pentecôtes, dis,
Devant la Présence Réelle,
La louange des paradis.
Traverse les firmaments calmes,
Où s’élève, de toutes parts,
L’ineffable hosanna des palmes,
Des flambeaux et des étendards ;
Accompagne, à travers l’espace,
Dans l’éther limpide, au-dessus
De la foule humaine qui passe,
L’Apothéose de Jésus.
Parmi les parfums de la myrrhe,
Par les chemins bleus de l’encens,
Vers la Montagne où se respire
Le souffle des lointains accents ;
Vers le royal sommet que dore
La gloire des grands précurseurs,
Vers la cime qui remémore
Les célestes intercesseurs ;
Que les Trônes et les Archanges
Dont tous les concerts ne font qu’un,
Unissant aux saintes louanges
De l’immortel Thomas d’Aquin,
Le chant de leurs chœurs extatiques,
Emportent dans leur vol de feu,
Sous les voiles eucharistiques,
L’amour des âmes, l’Amour-Dieu.