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Notre père – André Frédérique

Notre père – André Frédérique

Le boucher siffle le boléro de Ravel
en coupant ses rognons
la rue sent la sciure et le sang se répand
dans les rainures
le boucher pense à des banquets qu’il fit
à Picpus avec les copains des tranchées
le sang en rigoles est canalisé
le boucher regarde ses mains ses pieds
ses abattis d’abattoir s’abattre
sur les plats de côte
le sang ruisselle sur ses paumes
le boucher est veuf il met ses enfants au saloir
leur misère pour ne point la voir
le sang dessine des cheveux sur le bois
le boucher se donne du cœur à l’ouvrage
pare ses amours avec le papier à dentelle du gigot
le sang rougit les papillottes
le boucher à beau faire ça coulera toujours
la sang des innocents
jusqu’à la fin des temps.

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