Décadence nucléaire – Jean Cocteau
Platon dites en quelle langue
Nous parlez-vous à travers
Alcibiade de Socrate
Pour que chacune des paroles
Que prononcent vos personnages
Devienne scandale aujourd’hui
À ce verbe mort je mesure
Notre sinistre décadence
Quoi la noblesse du Banquet
N’exciterait plus que le rire
Et les farces des chansonniers
Qui de nous avouerait sans honte
Avoir supplié un silène
De partager notre couche
Qui de la froideur de Socrate
Ne ferait de gorges chaudes
Et qui ne mettrait ces discours
Malgré le respect qu’ils infligent
Sur le compte du délire
D’une époque dévergondée
D’une époque mythologique
Où les dieux imitaient les hommes
Et où l’homme imitait les dieux.