Sœurs du silence en la tristesse – Jean-Joseph Rabearivelo
Sœurs du silence en la tristesse,
les fleurs qui n’ont que leur beauté
et leur solitude,
les fleurs – morceaux de cœur terrien
palpitant à l’unisson des nids –
dorment-elles ici, font-elles des rêves
sur la fin de leur destinée ?
Les doigts
qui ne voulaient d’elles que leur jeunesse,
les doigts se sont tous joints
dans la chaude blancheur des draps –
sauf les miens qui sont si frêles
et qui savent tant choyer
les choses délicates.
Mes lèvres aussi frôlent les fleurs,
les fleurs devenues plus mystérieuses,
et plus belles, et brusquement hardies.
Et j’entends,
mêlées à la respiration des herbes,
leurs dernières confidences.
Ah ! Comme elles seraient douloureuses
sans ces parfums pacifiques, Seigneur,
qui s’évadent avec leur vie !