Quand le sombre et le trouble… – Jules Supervielle
Quand le sombre et le trouble et tous les chiens de l’âme
Se bousculent au bout de nos longs corridors,
Quand le dis-qui-tu-es et le te-tairas-tu
S’insultent à travers des volets sans rainures,
Un homme grand, barbu et plusieurs fois lui-même
Les fait taire un à un d’un revers de la main
Et je reste interdit sur des jambes faussées
Comme si j’étais lui sans espoir de retour.
Allons, te tairas-tu, cruelle malfaçon,
Faite de chair, de cris, de poils et de rancune.
Debout sur le plus bas degré des nuits sans lune
Je veux voir affleurer ma sereine saison.