Plus aucun chant venant de moi – Sergueï Essenine
Plus aucun chant venant de moi, à chanter au village
le pont de planches ne tient plus dans le chant
je vois se balancer de la vasque des bouleaux
les encens, là j’habite – liturgie d’adieu.
De mon corps est sorti le cierge,
il brûle vers le bas, brûle d’or et brûle muet.
D’elle, de la lune, l’horloge, l’horloge là-bas, en bois,
je sais ceci ;
Sergueï, le temps, – autour.
Au-dessus du champ bleu il est venu, il vient et vient,
l’hôte celui en fer,
arrache les tiges, les couchants ont bu,
et il les serre dans son poing noir.
Vous mains, vous étrangères, vide d’âmes
ce que je chante, quand vous le saisissez, est çà et là.
Hélas, autour de lui, les épis, eux, henniront, porteront le deuil de jadis
autour de lui.
Messe des âmes alors et après des danses
Vers les hennissements se balance la gigue.
Chaque horloge là-bas, oui, l’horloge là-bas, en bois,
te le dis bientôt : Sergueï, il est plus que temps.