Au bord des ombres qui stagnent – Jean-Joseph Rabearivelo
Au bord des ombres qui stagnent,
sur des digues
dures et nues comme les roches,
mais où croissent des herbes précoces,
des pêcheurs sans nombre s’alignent
et jettent la ligne.
Des cimes qui s’arrondissent
comme des fruits qui mûrissent,
aux vallons qui s’allongent et deviennent plus humides
que les melons,
se suscitent des fuites d’oiseaux furtifs
et des dérives de clarté aveugle
qui effraient pareillement
et empêchent de mordre.
Maîtres du destin
et ne s’inquiétant de rien,
les pêcheurs s’interpellent de leur voix d’ombre
pour tendre les filets
dans lesquels ils rendront à la mer
ces poissons d’argent et de pourpre
qui se faufilent, insaisissables, à travers l’azur.