L’épervier – Philippe Martineau
Un épervier paraît, et de son aile pure
Fauche à la fois l’éclair et l’immobile blé.
Et voilà qu’il affole aussi ma chevelure
Et se pose si près que mon coeur est ciblé.
De peur que mes cheveux n’aient l’allure d’un lièvre
Je les coiffe autrement, face à son bec armé ;
Quand il se met soudain à découdre ma lèvre
A la façon d’un homme ayant toujours aimé.
Et prête désormais à demeurer sa proie,
J’ose l’interroger avant qu’il ne m’achève :
« De quelle âme infinie es-tu le masque étroit,
De quelle éternité es-tu la marque brève ? »
Mais demeurant muet le voilà qui s’envole
Et m’abandonne vierge au bord de la raison ;
Ne sachant pas répondre il s’enfuit sans parole
Et laisse entre nous deux renaître l’horizon.