Élégie de minuit – Samuel Ratany
C’est comme de l’ombre repoussée par la nuit
Que je vois obscurcir la lune déjà pleine ;
C’est comme du brouillard obombrant la vallée profonde
Qui fait taire soudain les oiseaux qui chantent.
Semblent transis de froid les enfants de la terre
Car ils ne peuvent résister à la volonté de la Nature :
Et qui affadit le souffle parfumé de l’encens.
Je n’entends plus la brise secrète
Venue entretenir la tristesse de mon âme :
Mon cœur a fait une chute trop violente,
A cause de la trahison de ma bien-aimée.
L’examen de conscience, né de la nuit solitaire,
Fait explorer ce qui est là, au-delà ;
Et quand on y pense, et quand on fait la somme des pensées,
On est d’avis que le monde est sans raison d’être !
Et voilà qu’à nouveau j’entends la voix mélodieuse
Du rappel lancé par l’autre qui leva ma blessure !
Elle ne veut pas savoir que mon cœur est triste.
Aussi bien, vient-elle en remplaçante, et non en rivale.