Le promontoire sacré – Nérée Beauchemin
Dieu dit, et ruisselant des perles du matin,
Le roc, comme en cadence, a surplombé l’espace,
Où tout le sombre azur du large flot qui passe
Ondule vers l’abîme infini du lointain.
Et Dieu, d’un signe au front, marqua le promontoire,
Qui, pour un peuple cher, dans un âge futur,
Sera le lieu puissant, le lieu clair, le lieu sûr,
Un autel, un berceau, les pôles de l’histoire.
Le temps passe. La Mer sauvage, au jour voulu,
Apporte, au lieu marqué, l’élu du sacrifice,
Qui, sur le roc barbare, érigea l’édifice
Contre lequel l’enfer n’a jamais prévalu.
Le Cap n’est plus hanté par la terreur païenne ;
Depuis qu’elle a connu la lumière et l’Amour,
Toute l’âpre montagne a béni chaque jour
Tous ces nouveaux venus qui l’ont faite chrétienne.
Sommet, dont l’éternel destin n’est pas vaincu,
Berceau victorieux de toutes les alarmes,
Promontoire sacré par le sang et les larmes,
Ton plus divin triomphe est d’avoir survécu.
Pour défendre le Roc, pour que nul ne l’entaille,
Ceux dont l’esprit respire et vibre en ta fierté,
Les héros et les saints de la fidélité,
Les morts même, à tes pieds, sont rangés en bataille.