Fantôme du cheval – Louis Brauquier
Fantôme du cheval qui dormait dans l’étable
Où j’ai fait mon bureau : j’écoute et je l’entends.
Tant de sillons tirés droit dans les terres dures
Où plus tard flotteraient les moissons, tant d’empreintes
De paturons qu’effaçait la herse pudique,
Tant de sueurs mouillées sous le collier de cuir,
De paysages limités par les œillères,
De retours dans le soir, les fers heurtant le seuil,
Les mâchoires broyant le foin, tant de seaux d’eau,
Et de sommeils debout.
Maintenant, quand le feu
De bois crépite là où était la mangeoire,
Je songe aux froides nuits, aux frissons de la peau
Solitaire, aux piétements sur le sol battu,
A cette vie de bête, à ses rêves obscurs