La nuit à trois heures de l’après-midi – Tomas Tranströmer
La nuit à trois heures de l’après-midi en hiver : ça n’est pas vraiment adapté aux exigences du corps et de l’esprit humains. La solitude, dans le noir et le silence d’une nuit de 18 heures… c’est ça aussi la Suède ! Des chandeliers sont allumés à toutes les fenêtres. C’est un don de clarté fait aux voisins et aux passants pour lutter contre l’angoisse, contre cette inhospitalité fondamentale de la nature quand tout devient noir.
Dans ce contexte, la solidarité est indispensable à la survie, mentale tout autant que physique. Mais elle justifie le contrôle des uns sur les autres et suscite d’autres angoisses, crée d’autres difficultés pour survivre en faisant respecter sa singularité. Dans ce pays extrêmement développé, chacun garde une maison à la campagne, une simple cahute parfois, pour passer les longues journées d’été au plus près des forêts, des lacs, de la mer. Éprouver cette sensation d’être « là et nulle part ailleurs » qu’il faut conserver, comme lorsqu’on porte un vase rempli jusqu’à ras bord et qu’on ne doit rien renverser.