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Je ne te connais pas, je viens à toi – Frédéric Kiesel

Je ne te connais pas, je viens à toi – Frédéric Kiesel

Je ne te connais pas, je viens à toi, je vis,
J’ouvre par mon silence une issue entre nous
Immense parcourue d’un air bleu et glacé
Où va sans un espoir mon amour aveuglé
Captif, heureux, lié, libre comme un oiseau
Matin rempli de gel, de cendre, de silence,
Tu me presses les mains, entoures mon regard
D’un vide radieux que j’écoute, où s’avance
Le pur instant chanteur, l’éclat de voix immenses.
Je ne fais pas le jour à mon image car
Il sera sans visage et je demeurerai
La proie d’un abandon bienheureux et cruel.
Une lueur vivante seule ira parer
Le paysage absent d’un songe peu charnel,
Et pourtant que de sang et de peine mortelle,
Que d’ombre et de douceur dans nos corps où la nuit
Défaille, nous désarme et se livre à l’oubli.

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