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À Bukowski, l’infâme – Charles Bukowski

À Bukowski, l’infâme – Charles Bukowski

À Bukowski, l’Infâme

infâme, tu l’es
puisque tu pourris tout
mais ne le prends pas mal, car j’ai besoin
que tu m’émoustilles – rien qu’à te lire je mouille ;
en particulier lorsque tu mates sous les robes
ou que tu te branles dans les ascenseurs ou que tu renifles
les petites culottes –
pour mieux m’éclater.

n’est-ce pas que tu es en train de te demander qui
t’écrit ? eh bien, je vais te dire qui
je suis, sans chichis et sans blabla,
afin que tu ne te plantes pas
lorsque l’occasion se présentera, je suis la pimpante,
l’exquise cramouille qui t’obsède
quand tu limes ces conasses hors d’âge
et purulentes, je suis la spectatrice qui s’assied
la rangée devant toi dans ce cinéma permanent,
et qui te reluque pendant que tu te fais reluire
le chibre à travers la poche, je suis celle qui lentement retrousse sa jupe, en souhaitant que tu focalises sur ses cuisses en allant te laver les mains – j’ai un nom pour ça : le touche-pipi à distance irrespectueuse, j’en suis folle j’adore ton souffle court sur ma nuque

tandis que par la déchirure
du fauteuil tu essaies de me mettre un doigt
dans le cul. probable qu’à cet instant tu te dis (voilà qui me botte, mais du diable si je sais qui elle est) et que dorénavant tu ne cesseras de penser à moi, ce qui, après tout, n’était que le but, ma pourriture faite homme.

anonyme

 

le public ne retient d’un écrivain, ou de ses écrits, que ce dont il a besoin, et se moque du reste. or ce qu’il en retient lui est, la plupart du temps, le moins indispensable, alors que ce qu’il laisse filer lui ferait le plus grand bien. grâce à quoi, je peux, au demeurant, continuer à amuser la galerie sans me faire flinguer, car si tout le monde comprenait, ce serait la fin des créateurs, vu qu’on partagerait la même fosse à purin. tandis que j’ai la mienne, que vous avez chacun la vôtre, et qu’il va de soi que ma fosse est la plus immonde.

le sexe ne manque pas d’intérêt, mais il est de moindre importance qu’on ne l’imagine. je m’explique : comparé à la défécation, il fait (physiquement) pâle figure. un homme peut vivre jusqu’à 70 ans sans tirer un coup, mais qu’il ne pose pas sa pêche d’une semaine et le voici qui meurt.

chez nous, en Amérique, le sexe est victime d’inflation. une femme avantageusement roulée en profitera aussitôt comme moyen de pression pour obtenir des avantages MATERIELS. et je ne pense pas à la putain de haut vol, je pense aussi bien à votre mère qu’à votre sœur, à votre épouse qu’à votre fille. de sorte que le mâle américain l’a dans le cul (une grossièreté, j’en conviens) en laissant se perpétuer ce gigantesque piège à cons. au vrai, bien avant qu’il ait eu ses 12 ans, le mâle américain aura été décervelé par le système scolaire américain, par la famille américaine si castratrice, et par la monstruosité publicitaire américaine. dès cet âge-là, il sera aussi mûr que sa femelle qui sait déjà quoi lui faire : lui tendre la main pour qu’il allonge les $$$. voilà pourquoi la professionnelle du cul, qui planque sa serviette-éponge sous le matelas, est tant haïe par sa concurrente (c’est-à-dire par le restant de son sexe, même si – béni, sois-tu, Seigneur – il existe une poignée de femmes au poil), tout autant professionnelle et putassière, et qu’elle est également détestée par la loi. lorsqu’elle ose se revendiquer comme telle, la tapineuse symbolise le danger qui menace en son entier la société américaine dont l’horizon se limite, jusqu’à la tombe, au culte de l’Effort et du Racket. car à cause de l’entôleuse ce sont les bijoux de famille qui perdent de leur valeur.

oui, le sexe flambe de plus en plus à la bourse des valeurs. une supposition, que vous ouvriez votre journal (mais pas OPEN CITY, qui ne traite le sujet que par la dérision) et que vous tombiez sur une nuée de postulantes en maillots de bain posant pour le photographe à l’occasion d’un concours ou d’un truc de ce genre au cours duquel il s’agit de désigner la reine de ceci, de cela, eh bien, probable que vous allez rechâsser leurs jambes, leurs hanches, leurs seins – magnifiques, je vous le concède, sauf qu’elles en sont si conscientes qu’elles en affichent le prix. mais MAINTENANT reluquez-les de plus près, ces huit ou neuf postulantes, n’est-ce pas qu’elles sourient ? erreur, leurs sourires n’en sont pas. c’est comme si on avait donné un coup de cutter dans du carton-pâte, dans le papier carbone de la mort. certes, leurs nez, leurs oreilles, leurs bouches, leurs mentons épousent les critères de la beauté, mais l’ensemble est pourtant repoussant, en deçà même de la bestialité, aucune pensée, aucune énergie, aucune conviction. pas la moindre bonté… rien, absolument rien. qu’une enveloppe charnelle monotone et assassine. qu’un regard vide. or si vous montrez ces faciès répugnants à l’Américain moyen, ne va-t-il pas s’écrier : « super, la CLASSE de ces frangines ! je plains les jurés qui vont devoir les départager. »

mais que les années passent, et les revoici, les rides en plus, nos reines de mes deux, en train de faire leurs courses au supermarché ; teigneuses, branques, amères, avilies – pour avoir acheté des actions foireuses, elles se le sont fait mettre en beauté, mais gare aux lames affûtées qu’elles planquent dans leurs caddies –, ce sont les tocbombes de l’univers.

bref, pour certains écrivains, dont Bukowski, l’illustre insolent, le sexe est sans conteste une tragi-comédie. ce n’est pas parce qu’il m’obsède que j’en fais la matière de mes livres, c’est parce qu’il me permet de vous faire rire et un tout petit peu pleurer, juste entre deux chapitres. Giovanni Boccace y a mieux réussi que moi. il avait la distance et le style. je me tiens encore trop près de la cible pour faire dans le sublime. aussi m’a-t-on catalogué écrivain cochon. lisez donc Boccace. en vous jetant d’abord sur Le Décaméron.

au reste, je commence à prendre de la hauteur, si bien qu’après 2 000 vidages de burnes, la plupart assez piteux, je suis parvenu à me moquer de moi comme de mon service trois-pièces.

tenez, je me rappelle le sous-sol de ce grand magasin pour femmes, du temps où j’étais un manutentionnaire limite du va-nu-pieds. mon patron (un simple contremaître, en vérité), jeune coq déplumé de la crête, attendait son ordre de marche pour la 2Guerre mondiale. eh bien, croyez-vous qu’il craignait pour sa vie ? qu’il méditait sur le sens de cette guerre ? sur son absurdité ? ou encore qu’il se demandait à quoi ça ressemblait de partir en pièces détachées à cause d’un obus de mortier ?

je vais vous dire à quoi il pensait, puisqu’au moins une fois, il s’est confié à moi, vu que je lui inspirais de la sympathie. et vu aussi qu’on était seuls dans ce vaste sous-sol, en fait un second sous-sol, suintant et crasseux – les autres emballeurs grattaient un niveau au-dessus –, où l’on se déplaçait en équilibre instable sur des piles de cartons plus longs que larges, et qui culminaient à environ deux mètres du sol. recherchant un numéro, un coupon de tissu, ou un certain modèle de frusques, afin de les envoyer à l’expédition, et juste éclairés par la lumière maigrelette de trois ou quatre ampoules, on sautait tels des singes-araignées, d’une pile à l’autre, trottinant sur nos quatre pattes, et guignant le numéro magique, et l’étoffe de laquelle sortirait une robe.

pitié, seigneur, ne cessais-je de rouspéter, est-ce que la vie est un enfer, et à quoi sert de se crever pour trois fois rien puisqu’on finit tous par mourir ? autant se suicider pour abréger ses souffrances, pas vrai ?

mais le jeune coq ne me lâchait pas :

— ALORS, ÇA VIENT, CE NUMÉRO ?

— nnnn, que je grognais d’une voix indistincte.

sans même – enfoiré ! – lui accorder un regard. qu’est-ce que ça m’aurait rapporté de lui dénicher son numéro ? pour que je me remette à bondir, fallait qu’il regarde de mon côté. ce jour-là, lui-même y a renoncé et s’en est revenu vers moi en sautillant, puis il s’est posé sur le carton à côté du mien et il a allumé une cigarette.

— Bukowski, t’es un chic type.

(je n’ai pas desserré les dents.)

— ça y est, je pars soldat, c’est ma dernière semaine ici.

et dire que depuis le premier jour dans cette boîte, où d’ailleurs je ne m’éterniserais pas, je m’étais interdit de lui en mettre une, pleine poire, et qu’à présent je devais encaisser son boniment à la con.

— tu ne devineras jamais ce qui me pose problème avec l’Armée ?

— ben, non !

— c’est de ne plus pouvoir baiser ma bonne femme. tu me suis ? car la plupart des mecs, ici, ne s’embourbent que du vent, tandis que, toi, il me suffit de te regarder pour savoir que tu trinques quelquefois du nombril…

(tu parles, c’est avec veuve poignet que je trinquais.) et il a ajouté :

—… bon, en tout cas, à ma bonne femme, je lui ai dit : « trésor, que vais-je devenir si je ne te baise plus ? » et tu sais ce qu’elle m’a répondu ? « par le sang du Christ, fais ton devoir, sois un homme, et quand tu reviendras, je serai là. » textuel, sauf que, bordel, ça va me manquer, me manquer terriblement. toi, tu me comprends, tu sais autant que moi ce que c’est, pas comme les autres, hein ?

(je ne lui ai pas dit qu’en son absence quelqu’un se chargerait de ramoner sa femme, et que s’il n’en revenait pas, elle s’adapterait à la nouvelle situation en mettant son CORPS EN VENTE, et le reste également.)

et voilà comment, après s’être coltiné un salaire de misère, cet homme, qui ne se comparait qu’à une molécule, allait se farcir – BANZAÏ ! – la charge suicidaire d’un Jap ou, même pis, la progression résolue, dans cette partie d’échecs, du battu potentiel, le Nazi des Neiges, qui surgirait du blanc linceul, à la recherche, lui aussi, de SON numéro. un Nazi des Neiges, désenchanté mais entraîné et courageux, capable comme dans les Ardennes d’un dernier acte de folie, histoire d’aligner encore un numéro. ah, molécule ! tu espérais subir tout cela, comme on se gratte, comme on étouffe un bâillement, ou comme on tousse, ne faire, en somme, que passer pour vite retrouver ta place du bon côté de l’infrastructure, et pouvoir, comme par miracle, rebaiser ta femme.

ainsi va le sexe, qui guide autant le bleu-bite que le grand stratège. on décore pour leur comportement au feu des hommes qui n’ont qu’un vagin à la place du cerveau. est-ce cela, la bravoure ? de quelle importance est l’héroïsme d’un imbécile ? seul compte le courage de l’homme qui pense – qui en sue et qui a un estomac d’acier.

lorsqu’on observe les mortels saisis par le sexe, on s’expose aux pires déconvenues, et plus on se penche sur la question et moins on comprend. une théorie chasse l’autre. sans qu’il en existe une seule qui n’attente pas à la dignité humaine. mais peut-être que c’est notre destinée ? sans doute qu’à cause de notre puissance, la croissance effrénée ne peut que précipiter notre chute.

d’ailleurs le grand Bukowski en personne n’a pas échappé à l’embrouillamini sexuel. ainsi je me souviens d’une nuit dans un bar, pas très loin d’un de ces tunnels autoroutiers qui desservent le centre-ville. à l’époque, j’habitais le quartier, une chambrette dans un immeuble à flanc de colline. mais qu’importe, revenons à ce bar où je suis attablé, passablement éméché, et persuadé que j’ai la jeunesse pour moi, la force et que je peux dérouiller qui me chercherait. au vrai, je n’attends que ça, qu’il en vienne un, car je me sens pareil à l’enfant qui vient de naître, malgré mes 22, 23 ans, une caricature du trou du cul romantique ; est-ce que je ne trouve pas la vie relativement passionnante alors qu’elle est totalement terrifiante ? bref, cette nuit-là, comme il ne s’est pas encore passé grand-chose, j’observe le monde alentour, tout en mélangeant les alcools – à savoir le whisky, le vin et la bière –, histoire de me défoncer vite fait, mais ça tarde et Dieu n’a toujours pas fait son apparition.

et donc, puisque je ne cesse de promener mon regard sur la salle, je remarque enfin à portée de voix une superbe gamine (à peine 17 ans) qui ne dissimule pas sa grande tristesse. elle a de longs cheveux blonds (j’ai toujours été attiré par les longues chevelures, vous savez quand ça leur descend jusqu’aux fesses et qu’à pleines mains, vous les leur caressez, pendant que vous les baisez, ce qui transforme en symphonie la banale vieille rengaine) et elle se tient tranquille, très tranquille, quasiment l’image de la sainte, sauf que – ah ça alors ! – ce n’est qu’une PUTE, puisqu’à côté d’elle se tient la mère mac, la lesbienne proxénète, NON que le tapin les séduise, mais, vous le savez, faut bien gagner sa vie. illico, l’hémisphère gauche de mon cerveau se met à leur faire la conversation. qu’elles n’y comprennent que dalle n’étonnera personne, mais, n’est-ce pas, elles veulent palper des $$$. moyennant quoi, je commence par leur payer à boire.

à l’évidence, lorsque le barman nous sert, cette gamine de 17 ans ne fait plus son âge, elle doit en avoir à ses yeux 35. mais alors la loi, protesterez-vous. eh bien, remercions le seigneur qu’il existe toujours une bonne raison de la contourner.

pour chaque verre qu’elles s’envoient, j’en écluse trois. ça fait leur affaire, je suis comme qui dirait « étiqueté ». avec un gros X tracé à la craie dans mon dos. ce qu’elles ignorent, ces connes, c’est que j’ai gagné, dans toute la ville, plein de concours d’ivrognerie contre quelques-uns des plus prestigieux soiffards du moment, sans avoir à payer mes verres mais en n’oubliant pas de rafler les mises. je n’ai jamais compris d’où venait ma résistance au rétamage. serait-ce à cause de mon état de fureur permanent, ou de mon humeur chagrine ? à moins qu’il ne me manque une partie de mon cerveau ou de mon âme. plus vraisemblablement, un peu des deux.

mais j’arrête de vous raser avec mes digressions à la mords-moi-le-nœud. mille excuses. sachez donc qu’on s’est envolés, ensemble évidemment, pour la colline, direction ma chambrette.

un dernier détail toutefois : la proxo était un énorme tas de merde avec des yeux de papier cul et des hanches en train de laminoirs, sans oublier qu’il lui manquait une main et qu’à sa place il y avait une impressionnante PINCE d’acier trempé qui brillait, BRILLAIT.

bon, cette fois, c’est parti.

et nous voici chez moi où je réanalyse la situation. d’un côté, ma pure, ma gracile, ma merveilleuse ondine, ma fabuleuse baiseuse avec ses cheveux qui ruissellent jusqu’à son trou de balle ; et de l’autre, le symbole tragique de la vieillesse : venimeux et horrible, moteur qui ne tourne plus rond, grenouille torturée par des chenapans, collision frontale, araignée dévorant la mouche bourdonnante qui ne se défend pas, et vue en coupe de la cervelle de Primo Carnera qui va au tapis sous les coups de Maxie Baer, ce play-boy insignifiant et vaniteux, le nouveau champion poids lourds de l’Amérique. et moi ? MOI, je me rue sur le Symbole Tragique de la Vieillesse – ce gros tas de merde humaine.

je l’empoigne et j’essaie de la jeter sur mon lit dégueulasse, mais elle est trop forte et pas assez soûle pour que j’y parvienne. d’une seule main, elle se libère. et me repousse, avec toute l’énergie de la lesbienne haineuse et homophobe, pour ensuite passer à l’attaque, EN BRANDISSANT CETTE IMPRESSIONNANTE PINCE D’ACIER TREMPÉ QUI BRILLE, BRILLE.

comme quoi, à lui tout seul, un homme ne peut modifier l’histoire des sexes, et ce d’autant plus quand on n’est pas de taille.

à présent, la PINCE décrit des arcs de cercle, larges et fascinants, et tout en esquivant je m’efforce de ne pas la quitter des yeux, cette PINCE qui est partout à la fois. sauf que, menace de mort ou non, mon goût de l’observation est plus fort que tout, et que je ne peux m’empêcher, sporadiquement, de reluquer à la va-vite ma sainte et sublime jeune pute. de nous trois, c’est elle qui souffre le plus. ça se lit sur son visage. elle a du mal à comprendre pourquoi je me suis excité sur cette abominable accumulation de nullité et de morbidité plutôt que sur ce qu’elle m’offrait. la réponse, la mère mac la connaît, car chaque fois qu’elle lance en avant sa pince, elle se retourne vers son joli bibelot en gueulant : « ce mec est fou, ce mec est fou, ce mec est fou. » et d’ailleurs c’est dans un de ces moments – coups de pince et constat de ma folie – que je réussis à prendre le large et à me retrouver de l’autre côté de la pièce, près de la porte. du doigt, je lui montre la commode et hurle : « LE FRIC EST DANS LE TIROIR DU HAUT ! » en vraie merde qui se respecte, la tire-bouton n’écoutant que son instinct se détourne de moi. mais à peine commence-t-elle à pivoter sur elle-même que je suis presque déjà au sommet de la colline, sous le ciel de Bunker Hill, le regard à l’affût, le souffle court, vérifiant si j’ai été touché, puis me demandant où trouver rapidos de la gnôle.

quand je m’en reviens avec la bouteille, la porte est encore ouverte, mais elles sont parties. je mets le verrou, m’assied et m’en enfile un, en toute quiétude. à la santé du sexe et de la folie. puis, après m’en être versé un autre, je vais me coucher en solitaire et je laisse aller le monde.

 

salut à toi, pourriture humaine
je t’ai déjà écrit
une fois
ou peut-être même
trois
je colle ma bouche à ton oreille
te la léchant avec ma langue
pour que tu sentes ce que je désire,
et tu l’as senti,
oh oui, mon cochon, tu l’as bien senti.
voilà que tu parles : « holà ! hé ! tu me fais quoi là, qui es-tu ??? »
moi, je peux t’entendre aller te chercher un verre
et le remplir jusqu’à ras bord, j’en mettrais ma main
au feu.
« t’as de bonnes vibrations, dis-moi ton nom. »
que tu ajoutes, et alors… ma respiration s’accélère,
monte et descend comme une vague, et toi tu n’es plus qu’un murmure, un chuchotement, et voilà que tu
t’accordes
à mon souffle
j’entends ta fermeture Éclair
que tu tires doucement
je retiens ma respiration
tandis que « Flip… Flap. Plouk. »
« je t’aime », feules-tu. « Slip, Slap. »
et tu reposes ton verre pour
avoir les mains libres, les « Flop, Flap, Blipp »
s’enchaînent de Plus en Plus Vite, c’est comme si
je te voyais à l’ouvrage, bientôt ce qui est sec ne le sera plus.
AHHHHH-oh-AHHHHH,
et moi je marque la cadence avec les aigus
« Slip, Flap. »
le bougre, il y est presque – je ferme mes yeux et l’imagine, vouais – AHHHHHH-WOOOOOO-WOUIIIIII ! –
« Flip, Flip », je mouille, « Slap, Bloup, Flap. »
de plus en plus gluant. « AHHH-VOUF-VOFFFE ! » « parle-moi », cries-tu.
OOOOOOOH – MON DIEUUUUU, ai-je crié, et soudain
sur mes genoux je sens quelque chose – la suavité de la crème d’amour –
qui gicle le long de mes cuisses nerveuses –, aussitôt mes jambes se referment dessus, et je raccroche.

anonyme

 

Ma chère Anonyme,

par les couilles du christ, je n’en peux plus d’attendre, ma poulette !

ton obligé

Charles Bukowski.

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