La peur de l’enterrement – Louise Glück
Dans le champ vide, le matin,
le corps attend qu’on le réclame.
L’esprit est assis près de lui, sur un petit roc —
rien ne vient lui redonner forme.
Pense à la solitude du corps.
La nuit il arpente le champ fauché,
son ombre bouclée le serre.
Quel long voyage.
Et déjà, tremblantes, lointaines, les lumières du village
explorent les rangées sans s’arrêter à lui.
Que semblent loin
les portes de bois, le pain et le lait
posés comme des poids sur la table.