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Grandeur – Léon Degrelle

Grandeur – Léon Degrelle

C’est souvent en faisant, avec un maximum de noblesse, mille petites choses harassantes qu’on est grand.
Il est infiniment plus difficile de tendre son âme mille fois, chaque jour, à propos de servitudes sans relief, que de donner une impulsion brillante à l’occasion d’un événement qui fait image.
Le mérite est mince alors.
L’ampleur de l’occasion passagère donne à elle seul la force d’agir, le désir d’étonner, tout en nous permettant d’avoir la plus haute opinion de nous-mêmes.

On peut réussir à merveille une grande chose et être loin de la véritable grandeur.
La grandeur c’est la noblesse de l’âme s’usant, ruisselante de don, à propos de chacun de nos devoirs, surtout lorsqu’ils sont dépouillés de tout ce qui pourrait nourrir notre vanité quotidienne.


Pour la femme comme pour l’homme.
La grandeur, pour une femme, c’est, souvent, de se donner heure par heure à des devoirs sans éclat, voire même prosaïques.
Pourtant, qui l’admirera ?
Qui connaîtra les mille combats livrés, au fond de son cœur, à la paresse, à l’orgueil, aux passions chantantes, à la mollesse qui appelle l’âme et le corps vers les sables chauds de la vie facile ?
Celle qui malgré tout cela avance, résiste, progresse, est grande puisque le don d’elle-même a été total, sans avoir eu besoin de l’appel des mirages.

Tant de gens comblés se plaignent toujours, trouvent tout désagréable, ne savent jamais se réjouir franchement de rien !
Tout leur paraît ennuyeux parce qu’ils ne se donnent jamais, parce qu’ils abordent chaque instant où il faudrait tendre un peu d’eux-mêmes avec l’intention bien arrêtée de ne livrer que l’indispensable, et, encore, avec des regrets.

Tout est une question de don.
Les gens heureux sont ceux qui se donnent. Les insatisfaits sont ceux qui étranglent leur existence par une perpétuelle rétractation, se demandant sans cesse ce qu’ils vont perdre.

Vertu, grandeur, bonheur, tout tourne autour de cela : se donner ! Se donner complètement, tout le temps. Faire ce qu’on doit faire, bravement, avec un maximum d’application, même si l’objet du devoir est sans grandeur apparente.
Où qu’on soit, en haut ou en bas, homme ou femme, le problème est exactement le même : c’est le don qui fait les âmes claires ou les âmes troubles.

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