Les triplettes de Belleville – Sylvain Chomet
En 2003, l’animation française avait prouvé une fois encore son atypisme avec le succès inattendu des Triplettes de Belleville, film presque muet qui enregistrait 500 000 entrées sur l’Hexagone.
Impossible de rester silencieux comme Madame Souza ou Champion après avoir vu se trémousser Les triplettes. En un peu plus d’une heure, Chomet fait vivre grâce son coup de crayon unique un univers décapant, mélancolique, inventif, noir, nostalgique… Bref, un bazar graphique décalé qui cache une architecture solide bourrée de trouvailles visuelles (l’imaginaire de Belleville), de clins d’œil (les visages familiers), d’humour tout en finesse et d’autodérision (l’entraînement de Champion, la voracité de Bruno, les grenouilles des Triplettes).
On en vient même à se demander comment un producteur a pu miser un euro sur un projet aussi éloigné des sentiers battus. Loin des clichés habituels de l’animation, Les triplettes de Belleville est un film exigeant, pas forcément du goût des plus petits.
Il est vrai que le film renvoie à une forme de noirceur (les couleurs ternes voire déprimantes). Et même s’il est question de kidnapping, de mafia française, d’exécution et de paris illicites, on ne retient de ces Triplettes que l’humour et la légèreté. Donc chapeau bas à Didier Brunner et ses Armateurs, la société de production qui s’est lancée dans cette aventure.