Maisons Jaoul – Le Corbusier
Un des problèmes d’après guerre les plus difficiles qu’eut à résoudre Le Corbusier : un terrain hérissé de réglementations contradictoires, programme complexe, budget forcément très limité, puisque la construction privée est hors de prix.
Le Corbusier décide de remettre en chantier des matériaux les plus élémentaires, les plus usuels: la brique, la tuile plate, les voûtes dites « catalanes » en tuiles plates apparentes (voûtes faites sans coffrage), les toitures recouvertes d’herbe. Application du Modulor par le choix de trois dimensions décisives : la travée de 3 m 66 et la travée de 2 m 26; la hauteur de 2 m 26 sous linteaux dominés par une voûte.
Le sol en tuiles plates ordinaires et les « voûtes catalanes » en mêmes tuiles plates ordinaires. L’épine de mur intérieur, en briques ordinaires apparentes, traverse toute la maison ; les murs extérieurs sont en briques apparentes au-dehors seulement et doublés à l’intérieur (et plâtrés) pour éviter les condensations. Le pan de verre, très perfectionné, bénéficie des recherches antérieures.
Les canalisations sont concentrées dans des rigoles au pied des murs, dans les reins de chaque voûte – ces rigoles contiennent les canalisations d’eau chaude, d’eau froide, du téléphone, de l’électricité. Les appareils électriques s’alimentent par des prises de contact réparties au-dessus de la plinthe (aucun appareil n’occupe donc les plafonds). Les appareils seront alimentés par fil souple depuis les prises de contact réparties tout au long des caniveaux.
La cuisine incorporée dans la vie domestique et non pas séparée totalement comme autrefois.
Le jardin, forcément réduit, traité en « clos architecturaux ». L’orientation solaire commande le dispositif des plans et des coupes de la maison.
Les parties horizontales portantes sont de grands linteaux en gros béton armé répartissant les charges de voûtes sur des ouvertures variées, irrégulières.
Une des premières maisons brutalistes de Le Corbusier, très joliment restaurée dans les années 90.