Un jardin – Alejandra Pizarnik
Je demande le silence.
Mon histoire est longue et triste comme la chevelure d’Ophélie.
C’est un jardin dessiné dans mon cahier. Aube. Instant déchiré où la lumière est tentation et promesse car quelque chose est mort, la nuit.
Nous allons te laisser silencieuse, à faire tomber l’arbre qui semble murmurer ton nom quand le traverse le vent de la nuit.
– Je voulais seulement voir le jardin.
– Je suis mon propre spectre.
– Il ne faut pas jouer au spectre car on en vient à l’être.
– Es-tu réelle ?
– L’image d’un cœur qui renferme l’image d’un jardin par où je vais pleurant.