Tout est vérité – Walt Whitman
Ô l’homme de foi molle que je fus si longtemps,
Moi qui me suis tenu à l’écart, qui ai si longtemps refusé d’accepter tels détails,
Qui sais seulement aujourd’hui que la vérité est un tout compact et qu’elle est répandue dans tout.
Qui découvre aujourd’hui qu’il n’est pas de mensonge ni de forme de mensonge, et qu’il ne peut y en avoir, qui ne se développe de lui-même aussi fatalement que la vérité d’elle-même.
Ou qu’aucune loi de la terre ou qu’aucun produit naturel de la terre ne se développe.
(Chose singulière, que peut-être on ne peut comprendre
immédiatement, mais qu’il faut comprendre.
Je sens moi-même que je représente les mensonges tout autant que le reste.
Et que l’univers les représente.)
Où donc un résultat parfait a-t-il manqué, sans souci des mensonges comme des vérités ?
Est-ce sur la terre ou dans l’eau ou dans le feu ? Est-ce dans l’esprit de l’homme ? Ou dans la chair et le sang ?
En méditant parmi les menteurs et en me réfugiant austèrement en moi-même, je vois qu’en réalité il n’y a pas de menteurs ni de mensonges après tout,
Et que rien ne manque de produire son résultat parfait, et que ce qu’on appelle des mensonges sont des résultats parfaits,
Et que chaque chose représente exactement elle-même et ce qui l’a précédée,
Et que la vérité comprend tout et qu’elle est tout, aussi compacte que l’espace est compact.
Et qu’il n’y a ni une paille ni un vide dans la somme de la vérité, mais que tout est vérité sans exception;
Et je m’en irai désormais célébrer toute chose que je verrai ou serai,
Et chanter et rire, sans rien renier.