Ses mains qu’elle tend… – Jean Moréas
Ses mains qu’elle tend comme pour des théurgies,
Ses deux mains pâles, ses mains aux bagues barbares ;
Et toi son cou qui pour la fête tu te pares !
Ses lèvres rouges à la clarté des bougies ;
Et ses cheveux, et ses prunelles élargies
Lourdes de torpeur comme l’air autour des mares ;
Parmi les bêtes fabuleuses des simarres,
Vous ses maigreurs, vous mes suprêmes nostalgies ;
Ô mirages que ma tendresse perpétue,
Echos fallacieux de l’heure qui s’est tue,
Malgré votre carmin et malgré vos colliers,
Et vos nœuds de brocart, et vos airs cavaliers,
Pauvres ! Vous êtes morts, ô vous tous elle toute,
Elle toute et mon cœur, nous sommes morts, sans doute.