Sans patrie – Frédéric Nietzsche
De rapides coursiers m’emportent
Sans peur ni doute
Vers d’immenses lointains.
Et qui me voit me connaît,
Et qui me connaît me nomme
Le seigneur sans patrie. Hardiment ! De l’avant !
Ne m’abandonne pas,
Ma chance, Ô toi brillante étoile !
Que personne n’ose
Après cela me demander
Où est ma patrie.
Car je n’ai jamais été lié
À l’espace ni aux heures fugitives,
Je suis aussi libre que l’aigle. Hardiment ! De l’avant !
Ne m’abandonne pas,
Ma chance, Ô toi gracieux mois de mai !
Qu’un jour je doive mourir,
Baiser la mort cruelle,
Je le crois à peine.
Faut-il que je descende à la tombe
Et puis jamais plus ne boive
L’écume odorante de la vie ? Hardiment ! De l’avant !
Ne m’abandonne pas
Ma chance, ô toi rêve multicolore !