Rêver, penser – Léon Degrelle
Les heures de rêves sont des heures de vie profonde, où toute la poésie qui flotte en nous se ramasse et court en feux-follets.
Puis le soleil vient.
Les brouillards neigeux redescendent comme si la rivière les appelait. On ne voit plus que la grande épée de l’eau claire. Et la raison ordonne, assemble les découvertes éparses, jaillies du rêve, les marque de sa domination en les unifiant.
Joie de trouver, de comparer ! Joie de donner un sens et une direction ! Joie de comprendre et d’aboutir aux coteaux ou aux sommets du vrai, du beau et de l’utile !
L’esprit ouvre les lignes claires des parallèles, en dégage les lois. L’homme se sent à ce moment-là supérieur à tous les éléments, maître de cet univers démesuré où pourtant des cervelles pas plus grosses qu’un fruit ou un oiseau imposent l’ordre et l’harmonie.
Celui qui ne sait pas jouir des possibilités de rêver et de penser, offertes à chaque seconde à l’homme, ignore la noblesse de la vie.
On peut toujours s’enchanter car les rêves sont nos violoncelles secrets.
On peut toujours penser c’est-à-dire avoir l’esprit non seulement occupé mais vibrant, tendu vers une domination plus puissante, plus exaltante que le feu de mille désirs.
S’ennuyer, c’est renoncer au rêve et à l’esprit.
L’ennui, c’est la maladie des âmes et des cerveaux vides. La vie devient vite alors une corvée horriblement terne.
L’amour lui-même ne s’exalte et ne s’émerveille que dans la mesure où l’être supérieur nourrit la poésie, fortifie les élans de la sensibilité.
Il faut aussi rêver et penser son amour.