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Résumé de la vie – Jason Chicandier

Résumé de la vie – Jason Chicandier

On nait, on hurle, là on nous met une claque sur l’fiandard ! Quoique c’est pas la partie la plus désagréable, y m’ont compris ? Bref, là on emmerde nos parents parce qu’on ne fait pas ses nuits. Ça fragilise le couple évidemment… C’est pour ça que papa va un peu taper dans la craquette de sa secrétaire, c’est parce qu’il est fragilisé l’daron.

Après, à deux ans, on a qu’une obsession nous les gosses : se suicider ! La piscine, les prises électriques, une casserole d’eau brûlante, avaler de la lessive… on veut en finir avec la vie. Quand on nous en empêche, on arrive à quatre ans et là on est à peu près cool jusqu’à neuf/dix ans… après on devient ado. Tout nous ennuie, tout nous fatigue. On lève les yeux au ciel pour tout. On est collé à son téléphone, sa tablette, sa console, même quand on te dit de débarrasser un bol t’as l’impression qu’on te demande de faire les trois huit. Du coup, t’écris un journal intime pour expliquer que ta vie est toute pourrie, que tes parents c’est deux gros ploucs avec une vie de bouseux, que toi, t’auras pas la même vie qu’eux et que déjà tu vivras de ta musique. C’est généralement à ce moment que t’emmerdes toute la maisonnée avec cette saloperie de djembé du désert ou en massacrant Led Zeppelin à la guitare. Tout le monde te déteste et ça tombe bien, tu détestes tout le monde !

Et après y’a le Bac. C’est un an d’engueulade avec tes parents « Mais travaille nom de dieu, tu vois pas que tu joues ta vie là p’tit con ! » Dans ta chambre, tu sais plus quoi faire pour faire semblant de bosser, t’as fini tous les Asterix, t’as dessiné environ 290 verges sur ton carnet de correspondance et tu t’es déjà masturbé 17 fois le matin même. Alors oui tu finis par l’ouvrir ce bouquin d’histoire et finalement t’as ton BAC. Tu crois que c’est la délivrance mais en fait, c’est le début de la vraie chianlie. Arrive la phase permis de conduire, tes parents ne dorment plus, ils prient pour que tu n’aies pas un accident tous les jours et toi tu leur plies deux bagnoles en six mois. Au niveau des études y’a deux solutions : soit t’es un fortiche, tu rentres en prépa et tes parents sont obligés de vendre chacun un poumon pour tes études, soit comme moi t’es un branlos, tu rentres à la fac, tu vas jamais en cours, tu fais des babyfoots et tu passes tes journées à te bourrer la gueule dans un bar tenu par un mec qui a une carte routière sur la truffe ! Au final, à force de pomper les TD auprès d’une bonne copine de fac, tu finis par avoir ta maîtrise et tu rentres dans le monde professionnel.

C’est à partir de là que tu perds jour après jour chacune de tes illusions. Généralement, pour économiser sur le loyer, tu prends une colocation avec les pires tocards de la planète. Le passe temps est simple : péter en slobard en matant des pornos, y’a plus d’hygiène, tout sent le morbier dans l’appartement. C’est la seule période dite « libre » au final. Un soir, tu vas au Macumba, tu rencontres une Jennifer et elle a qu’un seul objectif : te faire changer. Tu te relaves les dents, tu perds ton bide à bière et là, rapidement, elle te parle appartement et meubles IKEA… là tout par très vite en godasse. T’as pas eu le temps de dire ouf que tu t’es marié à la salle des fêtes de la Fouillouse, elle t’a pondu deux mouflets avec des prénoms d’fruit et tous les week-end tu alternes entre aller chez les beaux parents ou chez Leroy Merlin. En plus, en élevant tes gosses, tu vois les défaillances de tes propres parents, tu fais une analyse et du coup tu les détestes à nouveau comme quand t’étais ado. Après y’a un des parents qui tombe malade, du coup on se dit que la vie est courte, on les aime à nouveau, on profite d’eux mais c’est là qu’ils lèvent les tiags les fumiers. Tu vas chez le notaire, là tu te dis « Oh les crevards ils m’ont laissé que ça ! ». Tu t’engueules définitivement avec ta sœur pour trois meubles de brun et six assiettes en porcelaine. Tu vas fleurir les deux premières années les vieux avec un mauvais bouquet Interflora, jusqu’à ce que tu n’y ailles plus et que tu galères avec tes propres gosses qui te cassent sérieusement les rouleaux… Bref, comme disait Jacques Dutronc « la vie est une maladie sexuellement transmissible », c’est ça mon analyse. Mais heureusement, Dieu, dans sa grande mansuétude, a inventé l’alcool et le Lexomil. Bonne année à tous !

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