Quand t’es dans le désert – Jean-Patrick Capdevielle
Et déjà quelque mirages me disent de faire demi-tour
La fée des neiges me suit tapant sur son tambour
Les fantômes du syndicat des marchands d’incertitudes
Se sont glissés jusqu’à ma lune, reprochant mon attitude
C’est pas très populaire le goût d’la solitude.
Tu t’demandes à qui ça sert toutes les règles un peu truquées
Du jeu qu’on veut te faire jouer
Les yeux bandés.
Tous les rapaces du pouvoir menés par un gros clown sinistre
Foncent vers moi sur la musique d’un piètre accordéoniste,
Je crois pas qu’ils viennent me parler des joies d’la vie d’artiste
D’ l’autre coté ,voilà Caïn toujours aussi lunatique
Son œil est rempli de sable et sa bouche pleine de verdicts
Il trône dans un cimetière de vielles pelles mécaniques.
Quand t’es dans le désert depuis trop longtemps
Tu t’demandes à qui ça sert toutes les règles un peu truquées
Du jeu qu’on veut te faire jouer
Les yeux bandés.
Les gens disent que les poètes finissent tous trafiquants d’armes
On est 50 millions de poètes, c’est ça qui doit faire notre charme
Sur une lune de Saturne mon perroquet sonne l’alarme
C’est drôle mais tout le monde s’en fout
Vendredi tombant nulle part, y a Robinson solitaire
Qui m’a dit : » j’trouve plus mon île, vous n’auriez pas vu la mer «
Va falloir que j’lui parle du thermonucléaire.
Quand t’es dans le désert depuis trop longtemps
Tu t’demandes à qui ça sert toutes les règles un peu truquées
Les yeux bandés.
Hier un homme est venu vers moi d’une démarche un peu traînante
Il m’a dit t’as tenu combien de jours, j’ lui est répondu : bientôt 30
J’ me souviens qu’il espérait tenir jusqu’à 40
Quand j’lui ai demandé son message, il m’a dit d’un air tranquille :
Les politiciens finiront un jour au font d’un asile
J’ai compris que je pourrais bientôt regagner la ville
Quand t’es dans le désert depuis trop longtemps
Tu t’demandes à qui ça sert toutes les règles un peu truquées