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Qasida bédouine – Abû Nuwâs

Qasida bédouine – Abû Nuwâs

(Extrait)

Ami, laisse les vestiges des campements qu’efface le vent du Sud et sur la jeunesse desquels pleurent les chagrins.
Laisse au bédouin monté sur une chamelle amaigrie, une terre où l’on pousse les deux montures de réserve !
Ne demande aux Bédouins ni plaisir, ni vie heureuse car leur existence est chétive !
Laisse le lait de chamelle à des gens à qui les délicatesses de la vie sont étrangères,
en un pays où seuls poussent l’asclépiade et l’acacia et où, pour gibier, on n’a que l’hyène et le chacal.
Le lait aigre, prends-le et jette-le sans hésiter : c’est sans importance.
Combien préférable à lui est un vin clair et frais qu’un échanson diligent fait circuler dans les coupes,
un vin qui est demeuré un an dans un foudre, bouillonnant d’une manière imperceptible presque,
avec un bruit semblable à celui des lèvres d’un moine en prière devant le crucifix !
Ce vin t’est donné par la main d’un jeune esclave aux yeux doux, gracieux comme une gazelle…
Voilà la vraie vie, non celle du bédouin…

Et toi qui me censures, cesse tes reproches, car celui qui espère mon repentir sera déçu.
Tu me reproches mes fautes ? Quel homme de cœur n’a point péché ?
Tu souhaites mon repentir ? Tu le réclames ? Allons, déchire tes vêtements : je ne saurais m’amender !

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