Premier dernier amour – Jean Tardieu
Tout est mort. Même les désirs de mort
sont morts. Ce qui grandit est sans figure.
Les mains, les yeux — déserts. Toute mesure
s’effondre après ce feu qui brise un corps.
Rien — ni espoir ni doute — n’ouvre plus
la porte où le soleil vient nous attendre.
Les fruits profonds, par l’orage abattus,
sont morts : l’esprit possède enfin leur cendre;
avide — seul — et maître d’une nuit
où le ciel pleut, où le mouvement plonge,
où, sur l’objet qu’il efface, bondit
l’appel sans voix qui confond tous nos songes.