Pour ma soeur – Louise Glück
Loin, ma sœur remue dans son petit lit.
Les morts sont comme ça,
toujours les derniers à se calmer.
Car, même longtemps couchés en terre,
ils n’apprennent pas à parler,
mais restent, incertains, à se presser aux barreaux de bois,
si petits que les feuilles les plaquent au sol.
A présent, si elle avait une voix,
commenceraient les cris de faim.
J’irais à elle ;
Peut-être si je chantais tout doucement,
sa peau si blanche,
sa tête couverte de plumes noires…