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Omar Khayyam – Fernando Pessoa

Omar Khayyam – Fernando Pessoa

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Omar Khayyam

Omar possédait une personnalité ; en ce qui me concerne, heureusement ou malheureusement pour moi, je n’en possède aucune. Ce que je suis à un instant donné, je m’en écarte l’instant suivant ; ce que j’ai été hier, je l’ai déjà oublié aujourd’hui. Lorsqu’on est, comme Omar, celui qu’on est, on vit dans un seul monde, le monde extérieur ; lorsque, comme moi-même, on n’est pas réellement celui que l’on est, on vit non seulement dans le monde extérieur, mais aussi dans un monde intérieur, aux facettes successives et diverses. La philosophie d’un homme tel que moi, même si elle souhaite être la même que celle d’Omar, en sera forcément très éloignée. Ainsi, et sans vraiment le vouloir, j’abrite en moi, comme autant d’âmes, diverses philosophies que, par ailleurs, je peux critiquer ; Omar pouvait les rejeter toutes, car elles lui étaient toutes extérieures ; je ne peux, moi, les rejeter, car elles sont moi.

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