Ne tombe pas, étoile – Sergueï Essénine
Ne tombe pas, étoile, mon étoile, reste en haut,
envoie le glacé, envoie la lumière.
Vois, tout près, la barrière du cimetière –
les cœurs morts ne battent pas.
Le calme des champs pleins de rayons,
seigle noir, luisant d’août
traversé des frémissements de lumière, tu te lamentes avec tous
sur les grues qui ne peuvent voler.
Moi — je lance mes yeux par-dessus
buissons et collines, loin au loin,
je tends l’oreille et entends – et entends les chants
de chez moi, de ma maison.
Si mince, monte la sève des bouleaux,
automne est venu plein d’or au travers de la jarre
il pleure tous ceux, que j’ai laissé et aimé,
près d’une feuille de bouleau.
Ah l’heure vient, vient l’heure
imméritée, non demandée,
et je gis, je gis là, je gis dessous
et une petite grille s’élève.
Aucune flamme, pour m’éclairer,
cœur, tu t’en vas et deviendras poussière
la main de l’ami vient avec la pierre
elle porte déjà une rime allègre.
Mais moi, j’écrirais plus encore,
plutôt cela j’aurais commandé :
les buveurs aiment leur bistrot –
son bistrot était le monde.