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Ne croyez pas que tout ce bleu soit sans douleur – Jean-Michel Maulpoix

Ne croyez pas que tout ce bleu soit sans douleur – Jean-Michel Maulpoix

La mer n’est pas une image naïve épinglée dans la chambre au-dessus du lit parmi les peluches et les bijoux d’un sou.

Lorsque le cœur ne nous bat plus, nous guettons le grand large dans les flaques de la rue afin d’y laper notre misère et d’offrir à notre désir un semblant de ciel. Parfois, nous regardons intensément les yeux de nos semblables, espérant y trouver la mer et y sombrer brièvement.

Nous frottons notre peau dans la chambre contre la peau d’autrui, en quête d’une électricité bleue et de son bel arc de foudre.

Nous échangeons de loin en loin avec nos semblables des signaux de fumée. Les bras ballants, nous demeurons seuls sur la piste et mâchons sa poussière mouillée de larmes invisibles. Nous sommes ici pour peu de temps : quelques mots, quelques phrases, si peu sous les étoiles, rien que cela, parmi tout le reste. Du bleu dans la bouche, jusqu’à la dernière heure. Voix blanche, voix tachée, conjurant la mort, épousant le mourir, écoutant sans effroi craquer les os du ciel et de la mer.

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