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Mort d’amour – Federico García Lorca

Mort d’amour – Federico García Lorca

Que voit-on briller là-bas
sur les balcons haut-perchés
Ferme la porte, mon fils,
j’entends onze heures sonner.

Dans mes yeux, sans le vouloir,
quatre lanternes reluisent.
Ce sont ces gens-là sans doute
en train d’astiquer les cuivres.

Gousse d’ail, métal mourant,
la lune qui décroît pose
une jaune chevelure
sur des tours de couleur jaune.

Et l’odeur de vin et d’ambre
venue des balcons pénètre.
Des vents de roseaux mouillés
et des bruits de voix vieillies,
résonnaient ensemble sous
l’arc brisé de la minuit.

La nuit est carrée et blanche
aux façades des maisons.
Des séraphins, des gitans
jouaient de l’accordéon.

Mère, quand je serai mort,
fais-le dire à ces messieurs.
Préviens-les du Sud au Nord
par des télégrammes bleus.

Et le ciel claquait les portes
au bruit du bois bousculé
lorsque criaient les lueurs
sur les balcons haut-perchés.

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