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Moeurs de l’ange – Jean Cocteau

Moeurs de l’ange – Jean Cocteau

Quelquefois l’ange est pris pour un feu d’artifice
Lance un joli bouquet d’ombre, de fils de fer
Votre costume bleu charme le sacrifice
Et l’ange volatil glace comme l’éther
Les coqs posent partout l’affiche. en matinée :
J’AILE SOLDAT. L’Espagne a le toréador
Ce danseur ravissant fait la mort étonnée.
Oserai-je aller seul au bout du corridor ?
En hiver, les parents savent coudre sans lampe.
Profondément fleurit votre rose, grisou
Mais cet œillet mouillé qu’on porte sur la tempe
Est un cadeau de l’ange. Il ne vaut pas un sou
Drôle d’amour. Son poids vous délivre d’un autre
Une femme ? Un objet ? Non, c’est un animal
Qui sur les jeunes gens militaires se vautre
Sauvagement. C’est l’ange ! et son sexe anormal
On le respecte. Il triche : ah ! je vous donne un gage.
Paris fait en papier, en kiosques, en moineaux
Et Berlin où sa voix parle un autre langage
Servent de diamants à ses points cardinaux
Debout le charlatan, le coq, arrache l’âme
Et la brandit en l’air sur l’estrade en velours
Police arrête-le, empêche sa réclame
Fais fondre ses clairons, crève-lui ses tambours !

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