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Martin pêcheur – Gertrud Kolmar

Martin pêcheur – Gertrud Kolmar

Mon enfant danse comme un petit oiseau,
le petit oiseau sur le fleuve,
braise furtive, baiser arc-en-ciel,
qui déborde de rouille et de bleu.

Mais ceci n’est qu’habit de plumage,
cette joie qui scintille de couleurs ;
car son orteil est taillé dans l’ivoire,
et son front s’assombrit comme la souffrance.

Et son visage s’assombrit comme la douleur,
quand le poisson qui se débat, rouge et rapide,
elle emporte des prairies d’argent vers les arbres,
nageoire pourpre – le cœur d’un être humain.

L’âme d’un homme… qui dans la rosée
a vécu sa journée fraîche et pure.
Et elle contemple la victime : comme elle tressaille,
et elle respire doucement : je suis la femme.

Le pauvre cœur d’une mère peut-être,
le cœur de sa mère… qu’elle renie,
qu’elle délivre en souriant d’un profond malheur,
cri sourd qui n’atteint aucun dieu.

Oh ! je le connais bien, l’esprit de l’oiseau
qui pique durement ce qui bat en moi,
perce hors des chambres des vagues grises
et m’arrache dans son ciel.

Là-haut éclate une loi de cristal,coulent des masses liquides,
infiniment chaudes et tranquilles,
et la flamme pose le filet d’or
sur un cerisier en avril.

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