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L’éternelle crucifixion – Léon Degrelle

L’éternelle crucifixion – Léon Degrelle

Face aux ironies méprisantes des jouisseurs et des sceptiques, on ose à peine rappeler, que, depuis deux mille ans, le plus grand des drames humains, celui de la Passion, se répète spirituellement à chaque printemps.

Qui va souffrir, qui va se trouver là près du Calvaire en ces nouveaux jours d’agonie ?

Dans le désert du temps se dresse la Croix.

La vie banale ou louche ou perverse des hommes continuera à s’écouler comme un fleuve terne.

Le Christ recevra les coups et les épines. Il s’écroulera sur le sol. Le bois de la croix écrasera sa chair.

On le plantera à grands coups de marteau sur l’arbre dur. Ils ont percé mes mains et mes pieds, ils ont compté tous mes os.

Qu’en saura le monde ?

Son sang descendra lentement sur son corps blêmi. Ses yeux chercheront à la fois son Père et nos âmes.

Qu’auront-elles compris, nos âmes, à cette tragédie ?

Elles n’auront ni frémi ni pleuré.

Elles n’auront même pas pensé.

Même pas vu.

Le Christ meurt bien seul. Tout seul.

Les âmes dorment, ou sont stériles, ou se sont suicidées, alors que c’est pour les tirer de la torpeur, de la boue, de la mort que ce corps pend entre ciel et terre dans la douleur.

La détresse de ce cœur lance en vain les cris de désespoir qui devraient glacer le monde et arrêter le souffle des hommes.

C’est pourtant à cause de son étouffement spirituel que déchoit le monde.

C’est d’espérance, de charité, de justice, d’humilité que le monde a besoin pour retrouver un peu d’air.

Cette vie spirituelle, nous en avons reçu le dépôt.

Nous en sommes les porteurs.

Et nos mains sont ballantes. Et nos yeux sont secs. Et nos lèvres ne tremblent point de ferveur et d’émoi.

Nos cœurs sont pareils au sable sec.

Nos âmes sont au point mort où elles sont mortes.

La foi ne vaut qu’en tant qu’elle conquiert, l’amour qu’en tant qu’il brûle, la charité qu’en tant qu’elle sauve.

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