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Le reggae dans le texte – Denis Constant

Le reggae dans le texte – Denis Constant

(Extrait)

Les paroles du reggae ne sont pas ordinaires, pour une bonne partie d’entre elles au moins. Elle sonnent comme une sorte de cantique populaire, à la fois chronique, jugement et appel. Mais avant de les interroger, il convient de formuler un certain nombre de remarques liminaires. La tentative d’analyse des textes que le lecteur trouvera ci-dessous ne peut prétendre à la rigueur. Elle rencontre d’abord un problème d’échantillonnage : les enregistrements qu’elle utilise ont été rassemblés au hasard de leur apparition et de leur diffusion sur le marché français ; ils ne sont vraiment représentatifs ni de l’ensemble de la production reggae, ni même des disques disponibles en France ; leur nombre et leur diversité permettent d’espérer que ce mode de sélection n’introduit pas de distorsions trop graves. Un problème de langue, ensuite : peu de disques fournissent les paroles des chansons qu’ils contiennent ; il a donc fallu les transcrire d’oreille avec toutes les erreurs que cela peut comporter ; le créole jamaïcain, on l’a vu, est d’un accès difficile même aux anglophones : on imagine le mal qu’il peut donner à qui ne l’est pas ; par la force des choses les textes retenus se sont ainsi trouvés être les textes dont la compréhension était la plus facile, donc les plus proches de l’anglais standard, autre source de déformations possibles. A celui-là s’ajoute encore un autre problème de langue : toute traduction dans un tel domaine est hasardeuse et relève de l’à-peu-près ; il faudra excuser les approximations, voire les faux sens. Un problème de chronologie : les disques utilisés sont rarement datés ; la documentation disponible ne permet guère de s’y retrouver ; il a donc fallu aborder le reggae dans son ensemble et ne pas s’efforcer — sauf pour quelques considérations touchant à ses implications politiques — d’y introduire une progression au fil du temps ce qui, compte tenu de la période considérée (moins d’une vingtaine d’années) n’est peut-être pas absurde méthodologiquement parlant.

Enfin, de façon délibérée cette fois, tout un pan du reggae, celui qui ne propose que des chansons d’amour, a été laissé de côté ; cela n’est pas grave, à condition de le signaler et de répéter que, du point de vue des textes, le reggae n’est pas seulement religieux, social ou politique, qu’il est aussi chanson, qu’il observe très souvent les règles et les stéréotypes du genre. Il ne faut pas oublier que c’est avec des textes sentimentaux qu’il a conquis la popularité et que la plupart de ses grands interprètes tiennent à en conserver à leur répertoire.

Ceci dit, et dans les conditions qu’on vient de dire, il est possible de dégager des reggaes pris en considération sept grands thèmes : le rastafarisme ; le rapatriement et la terre promise ; la réhabilitation raciale et l’histoire jamaïcaine ; Babylone, l’oppression et la violence ; le changement ; la critique sociale ; la politique (au sens étroit, c’est-à-dire l’intervention dans la vie politique immédiate, ce qui précède relevant bien entendu du politique au sens le plus large).

Depuis qu’ils se sont rencontrés, rastafarisme et reggae ont fait un bout de chemin ensemble. Il semble dès lors normal qu’un certain nombre de textes aient une tournure mystique et prennent la forme de louanges à Jah.

Comme le Dieu du catéchisme, Jah est partout, il voit tout :

He who hides around the corner
His grâce and shame is on your face
Jah is ail around watching you

Il est celui qui se cache au coin de la rue / Sa grâce et Sa modestie sont sur ton visage /Jah est partout qui t’observe (The Cimarons, Take Heed).

Jah est le Dieu de tous, bon et secourable, loué dans les termes mêmes qu’emploient les baptistes américains :

It is no secret
What God can do like He’s done for others
He’ll do for you
His doors are open
Just corne into
It’s no secret
What Jah Jah do

Ce n’est pas un secret / Ce que Dieu peut faire comme il l’a fait pour d’autres / Il le fera pour toi / Ses portes sont ouvertes / Tu n’as qu’à entrer / Ce n’est pas un secret / Ce que Jah fait (Ras Michael and the sons of Negus, It is no secret).

Malgré les influences bibliques qui imprègnent rastafarisme et reggae, qui modèlent même souvent les paroles des chansons, la représentation de Jah doit peu au Yahwé de l’Ancien Testament, n’emprunte rien à Haile Selassie, mais participe surtout de l’image christique véhiculée par les cultes chrétiens.

Sans doute Dieu peut-il mettre en déroute les ennemis de son peuple (comme Yahwé fit des Egyptiens au passage de la Mer Rouge ; comme les Ethiopiens firent des Italiens à la fin du XIXème siècle), mais il est surtout, tel un feu dévorant, amour justice et vérité :

How long can you hide
From the truth and the right
It’s in your eyes
Keeps on hurning
It’s just like a little fire inside
It’s in your eyes
Keeps on hurning…
What is the truth and the right
Only Jah children knows
Truth and right keeps on hurning
Way down inside

Combien de temps pourras-tu échapper / Au bien et à la vérité / C’est là dans tes yeux / Qui brûle sans s’éteindre / Comme une flamme en toi / C’est là dans tes yeux / Qui brûle sans s’éteindre…/ Ce que sont le bien et la vérité / Seuls le savent les enfants de Jah / Le bien et la vérité brûlent sans s’éteindre / Tout au fond de l’être (Ras Michael and the sons of Negus, Truth and right).

La marque du style biblique, ou plus exactement de la langue de la Bible de King James, fournit à l’extrême des textes où la religion, la louange du Seigneur, la multiplicité et la complexité des références aux Livres sacrés atteignent les dimensions de l’ésotérique. Le recueil de I Jah Man (Moi-Jah- Homme, c’est déjà tout un programme) en offre un excellent exemple, d’où l’on peut extraire ces lignes, proches par le souffle et l’envolée des écrits de Saint Jean, et en particulier de l’Apocalypse, livre révéré entre ceux du Nouveau Testament :

I ride upon the winds that hlow
That how my spirit flows
There in distant régions
While in my spiritual searching
I found the true tree of life within my mouth
And this I hâve so share with
Friends and strangers no douht
I hear distant sound
I tongue is like a pen of a ready writer
I only speak of things
Pertaining to Jah and Kings
And of the life of Him
Of Whom ail things and I dwell and live in

Je chevauche les vents qui soufflent / Ainsi s’écoule mon esprit / Là-bas dans les régions lointaines / Poursuivant ma recherche spirituelle / J’ai trouvé dedans ma bouche l’arbre de vie véritable / Et cela sans doute il me faut le partager / Avec amis et étrangers / J’entends des sons lointains / Ma langue est telle la plume d’un scribe attentif /Je parle seulement de ce qui se rapporte / A Jah et aux Rois / Et de la vie de Celui / En qui reposent et vivent (I Jah Man, Zion hut).

La foi cependant ne se réfugie qu’exceptionnellement dans l’ésotérique ; comme celle des premiers Chrétiens ou des Cathares ou de certains Protestants, il n’est pas indifférent qu’elle insiste sur le bien, la justice, la vérité. Elle demeure attentive aussi aux choses de ce monde et entreprend de combattre les idées fausses. Parmi celles-ci, une nouvelle terrifiante, la mort de Haile Selassie, la mort de Jah, la mort de Dieu en somme :

They try to fool the black population
By telling Jah Jah dead
Jah no dead !

Ils essayent de tromper les Noirs / En racontant que Jah est mort /Jah n’est pas mort/ (Burning Spear, Marcus say Jah no dead).

Dans la théologie rastafarienne, le problème peut recevoir diverses solutions. Affirmer «Jah n’est pas mort » ne signifie pas nécessairement que Haile Selassie n’a pas trépassé ; cela peut vouloir dire que, si son enveloppe charnelle a disparu, l’Etre suprême survit hors l’incarnation car il est vie et source de toute vie dans l’éternité. Mais il importe d’expliquer, et de ne pas laisser le champ libre aux agents de Babylone :

This rumour situation that is spreading across the nation
Trying to dim the lights
Been precious in my Father sight
Saying that Rasta Father
Trodding this earth no longer
But in Zion is my Father’s throne
And I know the earth is His foot stool

Cette situation de rumeur qui s’étend dans la nation / Tentant d’affaiblir les feux / Précieux à la vue de mon Père / Disant que le Père du Rasta / Ne foule plus cette terre / Mais à Sion est le trône de mon Père / Et je sais que sur la terre repose son pied (I Jah Man, Jah heavy load).

He’s no pressure on your head
Jah youth
Jah no dead
Rasta live forever

Il ne vous pèse pas sur la tête / Jah est jeunesse / Jah n’est pas mort / Le Rasta vit pour toujours (The Cimarons, Jah no dead).

Le reggae parle aussi des hommes ; des rastafariens et de leur conduite, de leur rectitude ou de leur hypocrisie ; de leur message.

Ici, Dieu s’insinue en l’homme pour prêcher les principes d’amour et de paix ; toujours il exhorte : « Aimez-vous les uns les autres ! » :

As a Rasta I preach you now
Give love
If ail the people gave love
Love in the morning
Love in the evening
Love in the noon and love in the night
This world would be a better place

Moi qui suis Rasta, je vous exhorte / Aimez-vous / Si tous les hommes s’aimaient / S’aimaient le matin / S’aimaient le soir / S’aimaient à midi et s’aimaient à minuit / Il ferait meilleur vivre en ce monde (Ras Michael and the sons of Negus, Give love).

You gotta treat everyman good
Just like a man
Gotta do good to everyone

Tous les hommes tu dois bien traiter / Tout juste comme un homme / A chacun il faut faire le bien (The Heptones, Do good to everyone).

Amour et bonté, le rastafarien sait rester calme. La foi submerge les avatars de la vie et aide à distinguer le vrai du faux :

Cool Rasta cool
Sit on and meditate
Take time to contemplate
Cool cool
Rasta no fool

Paix Rasta paix / S’asseoir et méditer / Prendre le temps de contempler / Paix paix / Le Rasta n’est pas dupé (The Heptones, Cool Rast).

Mais si le rastafarien est « cool », il est aussi « dread ». Entre les deux faces de son portrait, s’introduit le glissement qui, d’un marginal, peut en faire un rebelle :

Let no more trouble worry you
Keep cool
And don’t get hard like some dudes
Don’t be nobody’s fool…
The Rastafarian is dread

Ne te laisse pas embêter plus longtemps / Reste calme / Et ne te fais pas dur comme les imbéciles / Ne sois le bouffon de personne. . . / Le Rastafarien est terrible (The Twinckle Brothers, Give Rasta praise).

Comme les chansons d’autrefois, comme les contes, devinettes et proverbes des sociétés de tradition orale, le reggae véhicule des moralités.

C’est que la Jamaïque, celle du peuple et de la musique, vient de la tradition orale, même si elle est partiellement et superficiellement alphabétisée. Le reggae est une adaptation moderne de la tradition orale — phénomène frappant dans les toasts — où l’écrit transforme le langage (la syntaxe du créole récent doit beaucoup, semble-t-il, à la construction elliptique des titres de journaux anglais, c’est-à-dire à ce qui, dans l’écrit, se lit pour être crié et répété). Il n’est donc pas surprenant qu’au-delà de Dieu et de la foi, il transmette des principes, des règles de vie ou des préjugés. Le rastafarisme est antiféministe ; la Bible n’en fournit-elle pas l’explication :

Getting it (the ring) is a problem
Keeping it is a bit a problem…
Samson was a dread
And Dalilah took his hair

L’obtenir (l’alliance) est un problème / La garder, c’est un peu un problème. . . / Samson était un terrible / Et Dalilah lui coupa les cheveux (The Ethiopians, The ring).

L’avortement est destruction de vie, donc meurtre et péché ; il est stratégie de l’homme blanc pour anéantir le peuple noir :

Wanted children crying from the
Backhones of their fathers
Wanted children longing for the
Bosom of their mothers…
So who are you to try them, price
Them and seII them
Who are you to slave them and to
Kill .them hefore them horn

Enfants désirés pleurant des / Reins de leurs pères / Enfants désirés aspirant au sein de leurs mères… / Et qui êtes-vous donc pour les juger, les apprécier / Et les vendre / Qui êtes-vous pour les asservir et / Les tuer avant qu’ils ne soient nés (Bunny Wailer, Wanted children).

L’herbe est un don de Dieu, la panacée qui soigne tous les maux ; Peter Tosh en est le « ministre » (ambiguités du mot : ministre d’un gouvernement, mais aussi pasteur au sens religieux). Et s’il en clame les bienfaits, dénonce les hypocrites, revendique sa légalisation, il en fait aussi un symbole de ce qui croît et périt : le mal. L’herbe guérit mais elle fane, ambivalence qui n’est pas inintéressante dans le jeu des contradictions du rastafarisme :

Legalize it, yeah yeah
That’s the best thing you can do
Doctors smoke it
Nurses smoke it
Judges smoke it
Even the lawyers too

Légalisez-la, oui oui / C’est la meilleure chose à faire / Les docteurs en fument / Les infirmières en fument / Les juges en fument / Et même aussi les hommes de (Peter Tosh, Legalize it).

Jah made the herb for man…
Fret not thyself because of evil doers
Neither be thou envious against the
Workers of inequity
For they shall soon be eut down
Cutdown like grass
And they shall wither like herb
Let Jah arise and let ail His ennemies scatter

Jah fit l’herbe pour l’homme… / Ne te tourmente pas à cause des malfaiteurs / Ni ne sois envieux des ouvriers de l’injustice / Car bientôt ils seront fauchés / Fauchés comme le foin / Et ils se faneront comme l’herbe / Que Jah vienne, que se dispersent ses ennemis (Peter Tosh, Let Jah be praised).

Ces principes, pratiques et préjugés, s’ils constituent partie du corps de doctrine rastafarien, n’en sont pas pour autant acceptés et appliqués par tous ceux qu’influence le mouvement. A ce titre, ils peuvent apparaître comme une prise de position d’un adepte ou d’un groupe d’adeptes. Par contre, le mythe du rapatriement constitue une pierre angulaire du dogme ou de ce qui en tient lieu. C’est donc un thème bien présent dans le reggae. Sous la forme d’abord d’une description de la terre promise qui s’inspire des peintures classiques de l’Eden et contraste avec une triste réalité :

Where must I find my resting place ?
Over the weeds and the valleys
I sure I can see, / sure I can see
Too much pollution, too much pollution
I would like to see the shade and tree
Where I can rest my head and knee
Cause the sun is so hard

Où trouverai-je le lieu de mon repos ? / Par-delà les prairies et les vallées /Je vois, bien sûr, je vois / Trop de pollution, trop de souillures /Je voudrais voir et l’ombre et l’arbre / Où je pourrai poser la tête et le genou / Car le soleil est ardent (Burning Spear, Resting place).

Le lieu du repos existe ; Jah y règne sur une vie éternelle et pure :

None of Jah Jah children no cry
For he watcheth the weeping eyes…
There is a land where there is no death
No sin no pain

Qu’aucun enfant de Jah ne pleure / Car il veille les yeux en larmes… / Il est un pays où l’on ne connaît ni la mort / Ni le péché ni la peine (Ras Michael and the sons of Negus, None a Jah Jah children).

There is a land far far away
Where there is no night, there’s only day
Look into the book of life
And you’ll see that there is a land far far away
The King of Kings and the Lord of the Lords
Sit up on his throne and He rules us ail
Look into the book of life
And you will see that He rules us ail

Loin, très loin est un pays / Où il n’y a pas la nuit, seulement le jour / Vois dans le livre de vie / Et tu verras que loin, très loin, est un pays / Le Roi des Rois, Seigneur des Seigneurs / Assis sur son trône nous gouverne tous / Vois dans le livre de vie / Et tu verras qu’il nous gouverne tous (Third World, Sata Amasa Gana).

Mais il ne suffît pas d’attendre pour parvenir à la terre promise ; il faut entreprendre un long périple ; il faut lutter ; il faut se battre. A ce point, viennent superposés les mythes de Moïse (« va dire au Pharaon de laisser partir mon peuple ») et d’Israël asservie par Babylone, tout comme dans les chants religieux afro-nord-américains :

Sufferation is on the land
Ségrégation is on the land
Humiliation is on the land
Why do they are killing brothers
All over in the land
The prophecy fulfills now
All over the land
I’m gonna sing a song unto Jehovah
Tell Him I’ve gone to the nations
The people are down in sufferation
So is it not the time of migration ?

La souffrance est sur cette terre / La ségrégation est sur cette terre / L’humiliation est sur cette terre / Pourquoi tuent-ils les frères / Partout sur cette terre / Maintenant la prophétie se réalise / Partout sur cette terre /Je vais entonner un chant à Jehovah / Lui dire que vers les nations je suis allé / Les hommes sont abattus de souffrances / N’est-ce pas le temps de la migration ? (Ras Michael and the sons of Negus, Sufferation).

Dreadlock trying to fight a Babylon
Natty dreadlock trying to return to our own land

Le natté tentant de combattre Babylone / Le chouette natté essayant de retourner dans notre patrie (The Heptones, Dreadlock).

Pour les rastafariens, à l’instar des Israéliens de la Bible, la terre promise est une réalité concrète ; elle existe sur la carte ; elle est de ce monde. C’est l’Ethiopie ou, plus généralement, l’Afrique, patrie de tous les Noirs. Le retour vers la terre promise se fera donc par bateaux (sans doute, comme pour les émigrants des années 50, l’avion est-il inabordable) et ceux-ci ne sauraient appartenir à une autre compagnie que l’éphémère Black Star Line fondée par Marcus Garvey : 

Seven miles of Black Star Liners coming in the harbour
It’s repatriation
Black libération…
I can see them coming
I can see and read their names
I can hear the header say thèse are the days
For which we’ve been praying…
Marcus Garvey told us
Freedom is a must
He told us Black Star Liners one day is coming for us

Sur sept milles, les bateaux de la Black Star Line viennent vers le port / C’est le rapatriement / La libération des Noirs… / Je peux les voir arriver / Je peux les voir et lire leurs noms /Je peux entendre le chef dire voici les jours / Pour lesquels nous avons prié… / Marcus Garvey nous enseigna / Que la liberté est une exigence / Il nous annonça que les bateaux de la Black Star Line / Viendront un jour nous chercher (Fred Locks, Black Star Liner).

L’Afrique, ce n’est plus alors simplement une terre promise sous les couleurs du paradis terrestre, c’est aussi le pays des ancêtres, la terre de la liberté que chantent aux deux extrêmes Desmond Dekker, hors de toute référence rastafarienne, ou les jeunes émigrés d’Aswad :

Take me back to Africa
Pretty pretty Africa
It is the land of my Fathers
It is the land where we belong

Ramenez-moi en Afrique / La belle belle Afrique / C’est la terre de mes pères / C’est la terre à laquelle nous appartenons (Desmond Dekker, Pretty Africa’).

I gotta get out before it’s too late
Free ourselves of ail the persécutions
Move back to Africa
Africa is a place where to be free

II faut que je m’en aille avant qu’il soit trop tard / Libérons-nous de toute persécution / Retournons en Afrique / L’Afrique, c’est là où être libres (Aswad, Back to Africa).

Ce retour à l’Afrique avant le retour en Afrique ; ce rêve d’une patrie retrouvée qui, par le miracle de l’indépendance recouvrée, devient terre de liberté, terre promise et terre de la grande promesse ; ces espoirs induisent une affirmation de fierté raciale qui prend le contre-pied et des idéologies colonialistes et de l’aliénation qui leur est liée. C’est à la manière jamaïcaine une façon de dire Black is beautiful ; c’est le crier d’emblée avec violence. Pour résumer : Black is dread ! La première manifestation de la récupération de son être par l’homme noir, c’est donc la haine raciale. Haine du blanc sans doute, mais plus directement du Brun dans la mesure où ce dernier a pris la succession depuis le milieu des années 40, où la petite bourgeoisie mulâtre contrôle la politique et, apparemment, l’économie.

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