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Le dévidoir à sonnette – Nérée Beauchemin

Le dévidoir à sonnette – Nérée Beauchemin

Débris de cette France antique
Que nos cœurs aimèrent d’amour,
Meuble dont le charme rustique
S’est évanoui sans retour ;

Archaïque machine usée
Dont le temps a cassé les reins,
Et, de la dernière fusée,
A dévidé les derniers brins ;

Toi qui, des coups de ta sonnette,
Interrompais, tous les vingt tours,
Dans sa dolente chansonnette,
La tisserande des vieux jours ;

Dévidoir, qui te faisais gloire
D’avoir les ailes de l’oiseau,
Et, dans ton envol giratoire,
De compter les fils du fuseau ;

Ta note, tant de fois frappée,
Évoque tous ces coups du sort
Par lesquels est entrecoupée
La chanson, qu’étrangle la Mort.

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