Le baptême – Nérée Beauchemin
Petit enfant, qui viens de naître,
Et qui, jusqu’au jour baptismal,
Laisseras, pour nous, transparaître
L’invisible tache du mal.
Toute rose et blanche momie
Dont le sépulcre s’est ouvert ;
Chrysalide encore endormie ;
Tout petit corps, nu comme un ver !
Toi dont le péché, de ses fanges,
Éclabousse l’impur limon,
Petit païen que les bons anges
Veulent enlever au démon !
Pour abluer toute souillure,
Dans quel merveilleux bénitier,
Dans quelle piscine assez pure,
Irons-nous te purifier ?
Quelle bonne Samaritaine,
Dans son amphore, ira puiser
La vive et belle eau de fontaine,
Qui lave et qui peut baptiser ?
Devant ce douloureux mystère
Qui fait tous les cœurs s’attendrir,
Aux grandes eaux du baptistère,
Chrétiens, hâtons-nous de courir.
Qu’une main verse l’eau bénite,
Que l’huile coule du chrémeau ;
Et que, très haut, chacun récite
Le grand Symbole, mot a mot.
Et maintenant, joie et liesse !
Gloire et fête au petit païen,
Qui, selon l’antique promesse,
Cœur et âme, devient chrétien !
Que l’auguste église natale
Accueille son nouvel enfant,
De toute l’âme musicale
De son vieux clocher triomphant !
Noël ! Noël ! Dans le ciel même,
Tout le chœur des anges s’unit
Au chant des cloches du baptême,
Et chante, et prie à l’infini.