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La peur de l’amour – Louise Glück

La peur de l’amour – Louise Glück

Ce corps couché près de moi comme pierre obéissante —
une fois ses yeux parurent s’ouvrir,
nous aurions pu parler.

En ce temps-là, c’était déjà l’hiver.
De jour, le soleil montait casqué de feu,
et la nuit aussi, au miroir de la lune.
Sa lumière passait libre sur nous
comme si nous étions couchés
pour ne pas laisser d’ombre,
rien que ces deux légers creux dans la neige.
Et le passé, encore, s’étirait devant nous,
calme, complexe, impénétrable.

Sommes-nous longtemps restés couchés là
alors qu’en se donnant le bras, en capes de plumes,
les dieux descendaient
de la montagne que nous leur avons construite ?

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