La perce-neige des champs – Nérée Beauchemin
C’est depuis toujours qu’elle essuie
Averses, gels et tourbillons,
La perce-neige des sillons
Qu’un fil de tige, à peine appuie,
Contre le vent, contre la pluie.
Dans le vaste espace de l’air,
Une flamme ensoleille-t-elle
Le nuage qui dégouttelle ?
La petite fleur d’azur clair
Se dresse et reprend le même air.
La verte tige printanière,
Vers le soleil, vers le ciel bleu,
Comme pour rendre hommage à Dieu,
Ne veut pas être la dernière
À hausser son brin de bannière.
Ainsi, le corps de la lignée,
Se dresse et s’anime au contact
Du terroir, et résiste, intact,
Contre la rafale obstinée
D’une sévère destinée.
L’humble habitant de l’avenir,
Par quel miracle et quel mystère,
Et par quel charme de la terre,
Voudra-t-il, pourra-t-il tenir
La bannière du souvenir ?