La peau de la vache noire est tendue – Jean-Joseph Rabearivelo
La peau de la vache noire est tendue,
tendue sans être mise à sécher,
tendue dans l’ombre septuple.
Mais qui a abattu la vache noire,
morte sans avoir mugi, morte sans avoir beuglé,
morte sans avoir été poursuivie
sur cette prairie fleurie d’étoiles ?
La voici qui gît dans la moitié du ciel.
Tendue est la peau
sur la boîte de résonance du vent
que sculptent les esprits du sommeil.
Et le tambour est prêt
lorsque se couronnent de glaïeuls
les cornes du veau délivré
qui bondit
et broute les herbes des collines.
Il y résonnera,
et ses incantations deviendront rêves
jusqu’au moment où la vache noire ressuscitera,
blanche et rose,
devant un fleuve de lumière.