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La maison – Cesare Pavese

La maison – Cesare Pavese

L’homme seul écoute la voix calme
et ses yeux sont mi-clos, comme si une haleine
effleurait son visage, une haleine amicale
qui remonte, incroyable, depuis le temps passé.

L’homme seul écoute l’antique voix
que ses pères ont entendue jadis, limpide
et recueillie, une voix qui pareille aux tons verts
des étangs et des coteaux, devient sombre le soir.

L’homme seul connaît une voix d’ombre,
caressante, qui jaillit calmement modulée
telle une source secrète : attentif il la boit,
les yeux clos, mais on ne dirait pas qu’elle est tout près de lui.

C’est la voix, qui un jour a arrêté le père
de son père, et tous ceux du sang mort.
C’est une voix de femme qui résonne secrète
au seuil de la maison, quand vient l’obscurité.

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