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La cloche de Louisbourg – Nérée Beauchemin

La cloche de Louisbourg – Nérée Beauchemin

Cette vieille cloche d’église
Qu’une gloire en larmes encore
Blasonne, brode et fleurdelise,
Rutile à nos yeux comme l’or.

On lit le nom de la marraine,
En traits fleuronnés, sur l’airain,
Un nom de sainte, un nom de reine,
Et puis le prénom du parrain.

C’est une pieuse relique :
On peut la baiser à genoux ;
Elle est française et catholique
Comme les cloches de chez nous.

Jadis, ses pures sonneries
Ont mené les processions,
Les cortèges, les théories
Des premières communions.

Bien des fois, pendant la nuitée,
Par les grands coups de vent d’avril,
Elle a signalé la jetée
Aux pauvres pêcheurs en péril.

À présent, le soir, sur les vagues,
Quelque marin qui rôde par là,
Croit ouïr des carillons vagues
Tinter l’Ave maria stella.

Elle fut bénite. Elle est ointe.
Souvent, dans l’antique beffroi,
Aux Fêtes-Dieu, sa voix s’est jointe
Au canon des vaisseaux du Roy.

Les boulets l’ont égratignée,
Mais ces balafres et ces chocs
L’ont à jamais damasquinée
Comme l’acier des vieux estocs.

Oh ! c’était le cœur de la France
Qui battait, à grands coups alors
Dans la triomphale cadence
Du grave bronze aux longs accords.

Ô cloche, c’est l’écho sonore
Des sombres âges glorieux
Qui soupire et sanglote encore
Dans ton silence harmonieux.

En nos cœurs, tes branles magiques
Dolents et rêveurs, font vibrer
Des souvenances nostalgiques,
Douces à nous faire pleurer.

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