Il ne faut rien posséder pour être libre – Henry de Monfreid
A part moi, je jurai de ne plus jamais travailler au compte des autres et de n’avoir désormais d’autre toit que celui qui m’appartiendrait. Il est trop dur de quitter par force le coin où notre vie a fait sa place !
Hélas ! L’avenir devait m’apprendre que, nulle part sur terre, rien n’est à nous ; partout l’envie, la haine jalouse, la malveillance stupide, la fourberie lâche viennent nous arracher les choses les plus chères où nous avions cru pouvoir mettre tout notre cœur.
Il ne faut rien posséder pour être libre.
Le seul bien que nul ne puisse nous ravir, c’est le mépris de toute vanité, tel que nous puissions toujours dire à un roi : « Ôte-toi de mon soleil. »
C’est là, je le sais bien, lieu commun admis de tous qu’il est un peu ridicule de répéter. Cependant bien peu le pensent et bien rares sont les hommes qui le mettent en pratique ; il faut le pilon brutal de l’adversité pour broyer leurs dernières illusions. J’en avais encore en ce temps-là… Et j’en ai toujours, malgré tout… Heureusement !